piedicroce

Chef-lieu de canton de la pieve d’Orezza, Piedicroce est un grand village accroché sur une crète, à une altitude moyenne de 700 m, au pied du Mont San Petrone.
Cette commune, comme toutes ses voisines, se situe dans le Parc Naturel Régional de Corse au milieu de la forêt de châtaigniers de la Castagniccia.Piedicroce possède deux hameaux bien distincts : Fontana, légèrement en dessous et Pastoreccia, implanté légèrement au-dessus vers le Mont San Petrone.C’est un carrefour en pleine montagne, les routes D506 et D71 desservent la commune et partent vers le col de Prato au Nord, l’Alesani au Sud et la plaine orientale à l’Est..La commune portait anciennement le nom de Piedicroce d’Orezza. La pieve devient en 1789, le canton de Piedicroce.Ce village possède une magnifique église classée, les ruines de l’ancien couvent d’Orezza, trois chapelles et de nombreux témoignages bâtis de ses richesses d’antan.Vous y trouverez de plus le point info. tourisme, un hôtel-restaurant et une petite épicerie associative artisanale qui fait dépôt de pain.

La grande église paroissiale Saint Pierre et Paul, de style baroque et datant du XVII ème siècle, est classée aux Monuments historiques depuis 1976.

Elle se présente en schiste recouvert d’enduit avec un toit à longs pans en ardoise ouvrant sur un panorama exceptionnel couvrant les villages du côté Est des vallées d’Orezza et d’Ampugnani jusqu’à Silvareccio. L’église a été construite entre 1684 et 1696 par les maçons B. Trovelli et G. B. Moro à l’emplacement d’un édifice plus ancien. Remaniée au milieu du XVIIIème siècle, elle reçoit un décor de stuc réalisé en 1761 par Ignace Xavier Raffalli de Piedicroce, comme l’indique l’inscription portée sur l’élévation antérieure. Elle a ensuite été restaurée une nouvelle fois en 1999.En ce mois de mai 2015, les échaffaudages sont à nouveau présents pour une rénovation extérieure complète, murs et toitures de tout l’édifice, en raison de nombreuses infltrations apparues ces dernières années et qui ont dégradées les peintures murales et plafonds.C’est un édifice de plan allongé, , formé d’une nef et d’un choeur voûtés en berceau à lunettes. Son clocher, relativement haut et composé d’ouvertures doubles en arcade à chaque étage et sur chacun des quatre côtés, est coiffé d’un lanternon cerné par quatres figures papales gardant les quatre points cardinaux. Une pendule est apposée du côté village vers le sud. Quelques marches extérieures sur un début de bâti en pierre de taille ainsi qu’une grille en fer forgé permettent d’accéder à l’échelle montant aux cloches.

Sa façade, résolument baroque est ornée de colonnes à palmes, de frises et d’alcôves décorées de ramages et volutes déclinés dans des tons chauds, rouges et orangés.Au-dessus de la porte, un magnifique blason en relief, celui de la cité du Vatican représente les clefs de saint Pierre surmontées de la tiare papale. Ce blason est encadré de deux anges et surmonté à son tour d’une tête d’ange couronné de la tiare papale et d’une petite croix. Des volutes baroques encadrent le tout qui est agrémenté de peinture ocre rouge.Peinte dans un cartouche à ramages au-dessus de ce dernier, on peut lire la signature en latin du décor en stuc :  » ANNO DOMINI MDCCLXI – DIE – XXVIII NOVEMBRIS – IGNATUS XAVERIUS RAFFALLI – A – PIEDICRUCE FECIT. » (Réalisé en l’année chrétienne 1761 le jour du 28 novembre par Ignace Xavier Raffalli à Piedicroce).

L’imposante porte en bois surmontée d’une arcade vitrée en éventail n’est que très rarement ouverte. Les fidèles entrent généralement par la petite porte de côté qui fait face à la place principale.Le bâtiment est imposant car, outre l’église, il comprend plusieurs étages d’appartements et salles diverses, anciennement presbytère et dépendances, ainsi qu’une chapelle attenante (voir pages suivantes: chapelle Sainte Dévote).

L’église possède plusieurs trésors dont le plus ancien orgue de Corse, construit en 1619 par le Maître Giorgio Spinola, facteur d’orgue génois.
En tout premier lieu, orgue de la Cathédrale Sainte Marie de Bastia, il fut frappé par la foudre et détruit en partie en 1661. Restauré alors par l’organier Santa Luccia, il finira cependant par être remplacé par un instrument plus prestigieux.En 1842, Anton Pietro Saladini, célèbre facteur d’orgue originaire de Speloncato en Balagne, sera chargé de le restaurer et de le transférer dans l’église Saint Pierre et Paul de Piedicroce où il est resté jusqu’à ce jour.Une nouvelle restauration entre 1975 et 1985 par Alain Sals a permis de conserver des éléments du XVIIème siècle : façade, buffet, sommier, Voce umana … Deux volets de toiles peintes ouvrent le buffet d’orgue en châtaignier, faisant apparaître un décor bleu et or composé de ramages baroques du XVIIIème . Les volets fermés laissent apparaître sur chaque porte le Roi David et Sainte Cécile, les saints patron de la musique. Le buffet est surmonté d’un grand fronton peint sur lequel on peut distinguer les lettres A et M (pour Ave Maria) coiffées d’une très belle couronne et entourées de roses, de lys et de branches de citronniers.L’orgue est composé de 98 tuyaux en étain entièrement refait à l’identique. Le clavier est de cinquante notes.La très belle tribune d’orgue est abondemment décorées de motifs polychromes, essentiellement des instruments de musique sur fond de gerbe de feuillages divers. Les tons sont résolument lumineux : bleu, saumon, jaune et ocre rouge.Quelques fêtes religieuses et évènements locaux permettent encore l’utilisation de ce très bel instrument qui trône au-dessus de la porte principale au milieu des peintures monumentales exubérantes qui ornent murs et plafonds de l’église.

Une autre oeuvre , classée au titre « objet » des Monuments Historiques, se trouve sur le maître-autel : un panneau peint intitulé « Vierge à l’enfant entourée d’anges musiciens ». (Photo ci-dessous)Ce tableau, d’une belle dimensions (130 cm de hauteur par 70 cm de largeur), présente des repeints.Il date du XVIème siècle mais une inscription du XIXe siècle indique que ce tableau a été offert à l’église Saint Pierre et Paul par la famille Campona.La Vierge assise, dont la robe pourpre est recouverte d’une cape noire, tient dans ses bras l’enfant Jésus, debout sur ses genoux.Deux anges musiciens se tiennent debout sur des colonnes du décor derrière elle.Deux autres anges musiciens sont assis à ses pieds, de part et d’autre.Les couleurs, travaillées en dominantes noires et rouges sont remarquablement mises en valeur par le fond recouvert entièrement de feuilles d’or.L’auteur de cette oeuvre demeure malheureusement inconnu à ce jour.

Tout l’ensemble du maître-autel : retable, gradins d’autel, tabernacle, …daté de 1707, est attribué à Fontana Angelo Maria, stucateur et peintre du début du XVIIIème siècle.
La face avant de l’autel est ornée de la représentation de St Pierre prisonnier, enchaîné dans son cachot à Rome et de deux angelots de chaque côté, tandis que les angles sont soulignés de deux feuilles d’acanthe et de chérubins. Les têtes grimaçantes de deux démons sont figurées sous les feuilles d’acanthe.Les côtés de l’autel sont agrémentés de trois scènes de la vie de St Pierre « Jésus appelle St Pierre à marcher sur l’eau » ( St Pierre est dans sa barque de pêcheur, Jésus lui dit : « … Viens avec moi, je te ferai pêcheur d’hommes …St Pierre quitte sa barque et ses filets pour suivre Jésus) – « Jésus annonce le reniement de St Pierre » – « une servante reconnaît St Pierre (… vous étiez avec Jésus, vous avez le même accent … » St Pierre nie « … je ne sais de qui tu veux parler … ») et deux scènes de la vie de St Paul : « la chute et la conversion de St Paul sur le chemin de Damas », « Ananias rend la vue à St Paul »).Les gradins sont décorés de rinceaux fleuris. Le tabernacle, superbe, tout en marbre ciselé, est orné en partie supérieure de chérubins prolongés d’une chute de roses, d’une coquille et d’ornementations végétales . Saint Jean-Baptiste, est représenté en une peinture polychrome sur la porte.Le retable, porte les statues de St Pierre et St Paul de chaque côté. Il est animé de quatre angelots sonnant les trompettes du Jugement dernier , de rinceaux fleuris ondés verticalement, le long desquels s’accrochent des putti. Assises au sommet du retable se tiennent les trois vertus théologales avec leurs attributs : la Foi (au centre),l’ Espérance (l’ancre) , la Charité ( femme allaitant un enfant) au pied du Christ en croix. Au revers du retable se trouve un haut-relief représentant « le Repentir de St Pierre » avec un coq en hauteur et à ses pieds un serpent dévorant un crapaud (symbolisant la trahison )et représentant une allusion aux reniements et au repentir de St Pierre (« … Mais voici que le coq chante. St Pierre se souvient des paroles du Christ  » … Veillez et priez avec moi. Quand le coq aura chanté deux fois, l’un d’entre vous m’aura renié trois fois … Et tous de s’écrier « Jamais de la vie nous te ferons cela…. » St Pierre se retire alors dans une grotte et pleure toutes les larmes de son corps.Enfin un angelot peint tenant un livre sur lequel se trouve la signature du sculpteur et la date de réalisation: ANGELO FONTA / NA FECIT – ANNO DOMINI 1707.La chaire à prêcher, également classée au titre d’objet aux Monuments historiques, a été réalisée au début du XVIIIème siècle par Raffalli Giovanni le vieux (stucateur, peintre). Elle se caractérise par sa signature mais surtout par ses décors peints également à l’intérieur. C’est une chaire simple, sans abat-voix, avec un pied, un escalier et une cuve entièrement décorés. Les initiales christiques « IHS » ont été apposées sur la rampe d’escalier, dans un coeur en relief entouré de lourds ramages. (Photo ci-contre et diaporama ci-dessous à droite)Les tableaux du chemin de croix , en relativement bon état, datent du XVIIIème siècle. Ils sont tous répartis sur les colonnes et surmontés d’ une grande croix. (Diaporama ci-dessous à gauche)Une croix de procession (Christ en croix) est posée sur le côté du maître-autel. Elle date du XIXème siècle et a été réalisée en bois taillé, peint polychrome et doré. Le revers est également sculpté. L’oeuvre est malheureusement d’auteur inconnu. (Voir diaporama ci-dessous à droite)